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assurément qu’un fol, qu’un insensé et un imprudent fanatique, qui puisse venir à un tel excès d’impertinence et de folie.

Voici encore un raisonnement, qu’il faisoit et qui montre assez clairement le dérèglement de son esprit. Les juifs lui aïant dit un jour, que c’étoit lui-même qui rendoit témoignage de sa personne et que pour cette raison son témoignage n’étoit pas recevable : Quoique je me rende témoignage moi-même, leur dit-il, mon témoignage ne laisse pas que d’être véritable, parceque je sais, leur dit-il, d’où je suis venu et où je vais, mais vous autres vous ne savez pas d’où je viens, ni où je vais, et si je jugeois quelqu’un, mon jugement seroit juste, parce que je ne suis pas seul, mais que mon père, qui m’a envoïé est avec moi, et il est écrit dans votre loi, leur dit-il,[1] que le témoignage de deux personnes est reçu pour véritable, or, leur disoit-il, je rends témoignage de moi-même et mon père aussi, qui m’a envoïé, rend témoignage de moi…… etc. Donc, suivant son raisonnement, son témoignage, qu’il rendoit de lui-même, devoit être reçu pour véritable. Ne voilà-t-il pas une belle preuve ? qui ne riroit d’un tel raisonnement ? Il est facile de voir, par tous ces discours-là et par tout ce que je viens de raporter, qu’il n’étoit véritablement qu’un fol et un fanatique, et il est certain, que quand il reviendroit encore présentement parmi nous, si cela se pouvoit faire, et qu’il fit encore les mêmes choses, nous ne le regarderions certainement encore nous-mêmes, que comme un fol et un fanatique.

  1. Joan. 8. 13.