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adorent comme leur Dieu, un homme qui étoit mortel, et qui étoit même si bien mortel, qu’il mourut honteusement sur une croix, après avoir été condamné à la mort. Il ne serviroit de rien à nos Deichristicoles, de dire ici, qu’il y a une grande différence entre leur Jésus-Christ et les Dieux des Païens, sous prétexte que leur Christ seroit comme ils disent, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble, attendu que la Divinité se seroit incarnée en lui, au moïen de quoi la nature divine, se trouvant jointe et unie hypostatiquement, comme ils disent, avec la nature humaine, ces deux natures auroient fait, dans Jésus-Christ, un vrai Dieu et un vrai homme, ce qui ne s’étant jamais fait, comme ils disent, dans les Dieux prétendus des anciens Païens, c’étoit manifestement erreur et folie en eux de les adorer comme des Dieux, puisqu’ils n’étoient que des hommes foibles et mortels comme les autres.

Mais il est facile de faire voir la foiblesse et la vanité de cette réponse, et de cette prétendue différence de l’un aux autres ; car, d’un côté, n’auroit-il pas été aussi facile aux Païens, qu’aux chrétiens, de dire que la Divinité, ou la nature divine, se seroit véritablement incarnée dans les hommes, qu’ils adoroient comme Dieux, et qu’elle se seroit véritablement incarnée dans leur Saturne ; dans leur Jupiter, dans leur Mars, dans leur Apollon, dans leur Mercure, dans leur Bacchus, dans leur Esculape et dans tous les autres, qu’ils adoroient comme Dieux ? Pareillement, que la Divinité se seroit véritablement incarnée dans leur Junon, dans leur Diane, dans leur Pallas, dans leur Minerve, dans leur Cérès, dans leur Venus et