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plusieurs enfans, et que leurs enfans pouroient en engendrer plusieurs et plusieurs autres et continuer toujours ainsi de générations, en générations, dans tous les siècles. Et, suivant leur principe, il n’y avoit encore rien de ridicule, ni d’absurde, dans leur pensée et dans leur croïance. Mais par quelle raison, nos Christicoles veulent-ils borner la puissance générative de leur Dieu, le Père, à la génération d’un seul fils ? Est-ce qu’il n’auroit pu, ou qu’il n’auroit pas voulu engendrer davantage ? Ou seroit-ce peut-être, qu’il ne lui auroit pas été convenable, d’avoir plusieurs fils et plusieurs filles ? Ce ne doit pas être pour cette dernière raison, qu’il n’auroit voulu avoir qu’un seul fils, car la multitude des enfans, lorsqu’ils sont tous bien nés, qu’ils sont tous beaux, sages et honnêtes, fait l’honneur et la gloire d’un père, qui les a engendrés ; et il ne faut point douter, que le Dieu Père n’auroit engendré toujours que de beaux enfans, qui auroient tous été aussi sages et aussi parfaits, qu’il auroit voulu, et par conséquent, auroient fait l’honneur et la gloire de leur père. D’ailleurs ce divin Père n’avoit pas lieu de craindre, comme des hommes, de voir jamais aucun de ses enfans dans l’indigence et dans la misère, puisqu’étant le souverain Maître et Seigneur du ciel et de la terre, il auroit pu leur donner à tous des apanages convenables à leur divine naissance, et il auroit pu même leur donner à chacun d’eux un monde entier à gouverner et à y faire tout ce qu’ils auroient voulu, et se réserver ce monde-ci pour lui, s’il l’avoit trouvé bon. Ainsi il ne paroit pas, que ce puisse avoir été pour une telle, ou autre sem-