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à bon compte que ces deux personnes, qui sont ainsi sans corps, sans forme et sans figure aucune, et qui par conséquent ne peuvent être d’aucun sexe, c’est-à-dire ni mâles, ni fémelles, sont néanmoins père et fils, et qu’ils ont produit par leur mutuel amour une troisième personne, qu’ils apellent le St. Esprit, laquelle personne n’a, non plus que les deux autres, ni corps, ni forme, ni figure aucune. Et ainsi, suivant l’admirable et sainte doctrine et croïance de nos subtils et savants Deïchristicoles, il n’y a qu’un seul triple et unique Dieu, qui est sans corps et sans forme, sans figure et sans couleur aucune : et dans ce seul triple et unique Dieu, il y a cependant trois personnes divines, lesquelles sont toutes trois sans corps, sans forme et sans figure aucune. On ne peut pas dire qu’elles soient d’aucun sexe, c’est-à-dire, qu’elles soient mâles, ni fémelles, et quoiqu’elles ne soient ni mâles, ni fémelles, elles n’ont pas laissé néanmoins que de s’engendrer et de se produire les unes les autres, ce qui s’est fait, disent nos Christicoles, non charnellement, mais spirituellement et d’une manière toute spirituelle et mistérieuse et ineffable, c’est-à-dire, d’une manière que nos Christicoles eux-mêmes ne sauroient exprimer, ni concevoir.

Jugez si cette doctrine et si cette croïance n’est pas incomparablement plus ridicule et plus absurde, que toutes celles des anciens Païens ? Elle est certainement incomparablement plus ridicule et plus absurde : car ces anciens Païens croïoient, suivant le cours ordinaire de la nature, dans ses générations, que les Dieux pouroient en engendrer plusieurs et