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que ce qu’une force et une puissance supérieure leur fait[1] faire ou feroit en eux.

Ne dites pas qu’il y a une grande différence entre des hommes et de purs instrumens, comme aussi entre la manière d’agir des hommes et la manière d’agir des instrumens inanimés, puisque les instrumens inanimés sont privés de tout sentiment, de toute connoissance et de toute liberté, au lieu que les hommes, étant animés et doués non seulement de sentiment et de connoissance, mais aussi de volonté et de liberté, et ainsi ne faisant que ce qu’ils veulent, ils agissent librement et volontairement dans tout ce qu’ils font et par conséquent ils sont dignes de blâme de châtimens lorsqu’ils font le mal, et au contraire sont dignes de louanges et de récompenses lorsqu’ils font le bien. Ne dites pas cela, dis-je, car quoiqu’il y ait grande différence entre des êtres qui ont vie et sentiment, et des êtres qui n’ont ni vie ni sentiment, il n’y auroit néanmoins pas plus de liberté dans les uns que dans les autres, si les uns et les autres ne pouvoient rien d’eux-mêmes et s’ils ne pouvoient pas plus les uns que les autres. Or ni les uns, ni les autres, suivant l’hypothèse, ne peuvent rien d’eux-mêmes et ne peuvent pas plus les uns que les autres, puisqu’ils ne peuvent nullement se mouvoir d’eux-mêmes : donc ils ne seroient pas plus libres les uns que les autres, soit pour agir ou pour ne pas agir, soit

  1. Et pourquoi s’offensent-ils et vengent-ils sur lui les vicieuses, puisqu’ils l’ont eux-mêmes produit en cette condition fautive et que d’un seul clin de leur volonté ils le peuvent empêcher de faillir.Essai 487.