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s’agiteroient ainsi, ce ne seroient pas elles-mêmes qui remueroient leurs bras et leurs jambes, ni qui remueroient leurs langues et leurs yeux, comme il sembleroit qu’ils font ; mais ce seroit, comme j’ai dit, une cause étrangère et invisible qui les agiteroit ainsi et qui feroit par leurs moïens tout ce qu’il y a de réglé ou de déréglé et tout ce qu’il y a de bon ou de mauvais dans leur conduite, soit dans leurs paroles, soit dans leurs actions, soit même aussi dans leurs pensées, dans leurs désirs et dans leurs affections. Ce ne seroit point non plus, par exemple, une puce, ni une mouche qui s’agiteroient, lorsqu’elles viennent à sauter ou à prendre légèrement leur volée, mais ce seroit nécessairement une cause étrangère, qui remueroit tous les ressorts imperceptibles de leurs parties et qui feroit qu’elles s’élanceroient si vite et si subtilement qu’elles font ; d’où il s’en suivroit évidemment que les hommes ne seroient nullement les causes véritables du bien ou du mal qu’ils font et partant qu’ils ne seroient non plus dignes de blâme ou de louange, que ne le sont de purs instrumens inanimés, qui n’agissent que par les mains des ouvriers qui les manient ; et cela étant, sur quoi sera fondée la prétendue récompense des bons et le châtiment des méchans ? Puisque ni les uns, ni les autres ne peuvent rien faire d’eux-mêmes et qu’ils ne peuvent faire[1],

  1. Sur quel fondement de justice, dit le Sr. de Montagne, peuvent les Dieux reconnoitre et récompenser à l’homme ses actions bonnes et vertueuses, puisque ce sont eux-mêmes qui les ont acheminées et produites en lui ?