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par exemple, la scie qui se remue d’elle-même pour scier, que ce n’est point le couteau qui se remue de lui-même pour couper, et que ce n’est point le marteau qui se lève de lui-même pour fraper, ni les meules d’un moulin qui tournent d’elles-mêmes pour moudre le grain et que ce ne sont point les marionnettes-qui dansent et qui sautent d’elles-mêmes, quand elles sautent et qu’elles dansent, mais que ce sont des causes étrangères qui les meuvent et qui leur font faire tout ce qui se fait par leur moïen, de même aussi les corps vivans n’auroient pas d’eux-mêmes la force de se mouvoir ; ce ne seroient point les hommes, ni les animaux mêmes qui remueroient les membres de leurs corps pour agir, ni pour faire quoique ce soit, mais ce seroit une cause étrangère et invisible qui les agiteroit et qui se serviroit de leurs membres pour leur faire faire tout ce qu’il semble queles hommes et les animaux font d’eux-mêmes ; et ainsi lorsque l’on verroit par exemple quelque personne qui joueroit agréablement des instrumens de musique, qui chanteroit joïeusement des chansons, qui parleroit savamment de toutes choses, ou que l’on en verroit d’autres qui danseroient agréablement, qui sauteroient légèrement, ou qui feroient subtilement toutes sortes de tours d’adresse et de subtilités, ou enfin lorsqu’on verroit d’autres qui seroient tout transportés de colère et de fureur, ou qui seroient fols et insensés, qui écumeroient par la bouche, qui diroient mille cotises et feroient mille impertinences, ou mille méchancetés détestables, ce ne seroient point ces personnes-là qui