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Enfin, que l’on supose tant que l’on voudra l’existence d’un être ou de plusieurs êtres immatériels et spirituels, comme nos Déicoles l’entendent, c’est-à-dire, que l’on supose tant qu’on voudra un être ou plusieurs êtres, qui n’auroient ni forme, ni figure ni corps, ni étendue aucune, que l’on en supose, dis-je, tant que l’on voudra, on ne voit pas pour cela l’existence d’aucun être matériel et sensible, et on ne voit pas pour cela l’existence du ciel, ni de la terre, ni même l’existence d’une seule mouche, ni même qu’elle puisse exister, parce qu’il n’y point de raport d’un être matériel et sensible à un pretendu être inconnu ; qui n’auroit rien de matériel et sensible. Pareillement que l’on supose entière de tout être immatériel et spirituel, on ne voit pas pour cela la destruction du ciel, ni de la terre, ni même la destruction d’une seule mouche, parce qu’il n’y a point de raport de la destruction de l’un à la destruction de l’autre.

Ce n’est pas de même de la suposition de l’existence ou de la destruction de l’être matériel et sensible ; car suposez seulement l’existence de l’être matériel et sensible, vous avez en même tems l’essence et la nature, ou au moins le fond de l’essence et de la nature de tout autre être matériel actuel ou possible, vous avez l’essence et la nature, ou au moins le fond de l’essence et de la nature du ciel et de la terre et de tout ce qu’ils renferment, et non seulement de tout ce qu’ils renferment actuellement, mais aussi de tout ce qu’ils ont jamais renfermé et de tout ce qu’ils pouroient jamais renfermer, parce que ce n’est que