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lou, qu’il tiendroit de l’autre. Le Pyrronisme ne va pas jusqu’à douter de toutes choses, ainsi on peut dire qu’il est plus imaginaire que réel et que c’est plutôt un jeu d’esprit qu’une véritable persuasion de l’âme. C’est pourquoi, laissant à part ce doute universel et affecté des Pyrroniens, suivons les plus claires lumières de la Raison, qui nous montre évidemment l’existence de l’Etre ; car il est clair évident, au moins à nous-mêmes, que l’Etre est, que nous ne serions point, et que nous ne pourions pas même avoir, la pensée de l’être, si l’être n’étoit point. Or nous savons bien certainement que nous sommes et que nous pensons, nous n’en pouvons nullement douter ; donc il est certain et évident que l’être est, car si l’Etre n’étoit point, nous ne serions certainement point et si nous n’étions point, nous ne penserions certainement point. Il n’y a rien de plus clair, ni plus évident que cela.

Cela suposé, il faut nécessairement reconnoitre l’existence de l’être, et non-seulement il faut reconnoître l’existence de l’être, mais il faut nécessairement aussi reconnoître que l’être a toujours été et, par conséquent, qu’il n’a jamais été créé ; car s’il n’avoit pas toujours été, il est sûr qu’il n’auroit jamais été possible qu’il fut, ni qu’il ait jamais commencé d’être. 1°. Il n’auroit jamais pu commencer d’être par lui-même, par ce que qui n’est point, ne peut nullement se faire, ni se donner l’être. 2°. Il n’auroit jamais pu non plus commencer d’être par aucune autre cause, ni par aucun autre Etre, qui l’auroit produit, puisqu’il n’y auroit eu aucun autre Etre, ni aucune autre cause