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sont d’elles-mêmes et par elles-mêmes tout ce qu’elles sont, sans qu’elles puissent jamais avoir eu besoin d’aucune production, ni d’aucune autre cause qu’elles-mêmes ; mais que le monde ne peut être par lui-même ce qu’il est, et que les perfections, qu’on y voit, ne pouroient nullement être, si un Dieu tout-puissant ne les avoit créé et formé comme elles sont, ce qui fait, diront-ils, une très-grande différence de l’un à l’autre.

Or cette raison est manifestement vaine, non-seulement parcequ’elle supose gratis et sans preuve ce qui est en contestation, mais aussi parcequ’il est aussi facile de dire et de suposer que le monde est par lui-même ce qu’il est, que de dire et de suposer que Dieu seroit par lui-même ce qu’il est, et par conséquent il est aussi facile de dire que les perfections, que nous voïons dans le monde, sont d’elles-mêmes et par elles-mêmes ce qu’elles sont, que de dire. que les perfections d’un Dieu seroient d’elles-mêmes et par elles-mêmes ce qu’elles sont. Et cela étant, il ne reste plus qu’à voir lequel des deux est le plus véritable ou le plus vraisemblable. Or il est manifeste et évident, qu’il y a beaucoup plus de raison d’attribuer l’existence nécessaire, ou l’existence par elle-même à, un Etre réel et véritable, que l’on voit, que l’on a toujours vu et qui se trouve toujours manifestement partout, que de l’attribuer à un Etre, qui n’est qu’imaginaire, qui ne se voit et ne se trouve jamais nulle part. Pareillement il est manifeste et évident, qu’il y a beaucoup plus de raison d’attribuer l’existence par elle-même à des perfections que l’on voit et que l’on a toujours, vu, que de l’attribuer à des perfections ima-