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qu’ils voudroient suposer et établir, il faudroit nécessairement qu’ils en reconnussent, et qu’ils en admissent encore une infinité d’autres, ce qui répugne entièrement à la droite Raison. Et si, au contraire, ils disent, que les perfections infinies qu’ils imaginent être dans leur Dieu, ne démontreroient et ne prouveroient nullement qu’il auroit été fait par un autre, pourquoi donc veulent-ils que les perfections qu’ils voient dans ce monde-ci démontrent, qu’il a été fait par un autre ? Certainement il n’y a pas plus de raison de dire l’un que l’autre ; si ce n’est peut-être que les plus grandes et infinies perfections, qui se trouveroient dans un Dieu infiniment parfait, démontreroient d’autant plus nécessairement qu’il auroit dû avoir été fait par un autre, parcequ’une plus grande perfection demanderoit une cause plus parfaite ; et en ce cas l’existence d’un Dieu démontreroit plutôt la nécessité de l’existence d’une infinité de Dieux, que l’existence du monde ne démontreroit la nécessité de l’existence d’un Dieu, ce qui est encore une absurdité manifeste, que nos Déicoles ne voudroient pas admettre ; et ainsi il faut nécessairement qu’ils disent la raison, pourquoi ils prétendent que les perfections qu’ils voient dans ce monde-ci, démontrent nécessairement l’existence d’un Dieu, qui l’ai fait et pourquoi, au contraire, ils prétendent que les perfections infinies, qu’ils imaginent dans ce Dieu ne démontrent pas qu’il ait été fait aussi lui-même par un autre. Toute la raison qu’ils en peuvent alléguer est, de dire que leur Dieu est de lui-même et par lui-même tout ce qu’il est, et par conséquent que toutes ses divines perfections