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LXII.


D’OU VIENT LA PRÉMIÈRE CROÏANCE ET CONNAISSANCE DES DIEUX.


D’ailleurs il paroit assez clairement que la prémière croïance des Dieux ne vient, que de ce que certains hommes plus fins, plus rusés, plus subtils et peut-être même aussi plus malins et plus méchans que les autres, aïant voulu s’élever par ambition au-dessus des autres et aïant voulu peut-être aussi se jouer agréablement de leur ignorance et de leur sotise, se sont avisés de prendre le nom et la qualité de Dieu et de souverain Seigneur, pour se faire d’autant plus craindre et respecter, et les autres, soit par crainte, soit par sotise, soit par complaisance et par flaterie, les aïant laissé faire, ils se sont rendus les Maitres, et étant les Maitres, ils ont retenu le nom de Dieu et la qualité de souverain Seigneur, comme nous voïons maintenant que les grands conquérans, c’est-à-dire les grands voleurs et usurpateurs des Provinces et des Roïaumes de la terre, se donnent le nom et le titre de Duc, de Roi, d’Empereur et de Prince souverain, se qualifiant même de très-grands, de très-hauts et de très-puissans Seigneurs, et peu s’en faut qu’ils ne se qualifient encore maintenant du nom et du titre de Dieu tout-puissant, tant leur orgueil tâche de s’élever au-dessus des autres hommes. Il paroit, dis-je, assez clairement que ce n’est que de-là que vient la prémière croïance des Dieux. C’est ce qui paroit no-