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font acroire à eux-mêmes, ne sachant pas pénétrer ce que c’est que croire.

Puis donc que la prétendue telle quelle croïance des vérités de la Religion, et que la croïance même de l’Existence de Dieu n’est dans la plupart des Hommes qu’une croïance aveugle et qu’une croïance contrainte et forcée, comme je viens de dire, on peut non seulement dire que ce n’est pas une véritable croïance ; mais on peut encore assurer qu’une telle croïance n’est pas une preuve de la certitude des vérités de la Religion, et qu’elle n’est pas même une preuve de la certitude de l’Existence de Dieu. Ainsi c’est en vain que nos Christicoles prétendent se prévaloir d’une telle croïance, pour montrer la certitude de l’Existence d’un Dieu, puisqu’une telle croïance est manifestement plutôt une preuve de l’incertitude, que de la certitude de son Existence : car il est visible que si son Existence étoit si certaine et si évidente qu’on le prétend, les hommes n’auroient que faire de se contraindre eux-mêmes, ni de captiver, comme ils font, leur esprit pour la croire ; ce qui fait déjà manifestement voir que la croïance de l’Existence d’un Dieu n’est pas si certaine et si assurée que l’on prétend ; et par conséquent l’Athéisme n’est pas une opinion si étrange, ni si monstrueuse et si dénaturée que nos superstitieux Deicoles le font entendre ; ce qu’il est bon de remarquer, comme j’ai dit, avant d’entrer dans de plus grandes preuves.