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persuasion intime de l’âme et un consentement intérieur de l’esprit qui voit, ou qui au moins croit voir, la vérité de ce qu’il croit. Car comme dit S. Augustin[1] lui même : Suasionibus agit Dens ut velimus et credamus..... neque enim creclere potest homo quaelibet arbitrio, si nulla sit persuasio, cui credat. Or il n’y a point de suasion ou de persuasion là où il n’y a que de la contrainte d’esprit : et ainsi cette prétendue croïance contrainte et forcée, qu’ont la plupart des hommes des choses de la Foi, ne venant point d’une persuasion intime de l’âme, mais plutôt d’une répugnance intérieure de l’âme ou de l’esprit, qui ne voit point et qui même ne sauroit voir la vérité de ce qu’on voudroit lui faire croire, n’est pas une véritable croïance. C’est comme si un homme de bon sens, qui verroit en plein midi la belle clarté du jour et du soleil, vouloit néanmoins s’efforcer de croire qu’il seroit nuit, ou comme si ce même homme, se voïant dans l’obscurité et dans les ténèbres de la nuit, voudroit néanmoins s’efforcer de croire, qu’il seroit à la clarté du jour et du soleil. Il me paroit évident qu’une telle croïance, qui seroit ainsi contrainte et forcée, ne seroit pas une véritable croïance ; et qu’elle ne sauroit même être une preuve certaine et assurée de la vérité de ce que l’on prétendroit vouloir croire par une telle croïance. Les uns, dit le Sr. de Montagne[2], sur ce sujet font croire au monde, qu’ils croïent ce qu’ils ne croient pas. Les autres en plus grand nombre se le

  1. Aug. de Spiritu et Litt. Cap. 34.
  2. Ess. p. 407. Liv. 11. Ch. 12.