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ler, quoiqu’ils en fassent plus règlement les excercices. Et ceux qui parmi le peuple ont tant soit peu d’esprit et de bon sens, tout ignorans qu’ils sont d’ailleurs, ne laissent pas que d’entrevoir et de sentir en quelque façon la vanité et la fausseté de ce qu’on leur fait accroire sur ce sujet. De sorte que ce n’est que comme de force, comme malgré eux, comme contre leurs propres lumières, contre leur propre raison et contre leurs propres sentimens, qu’ils croïent ou qu’ils s’efforcent de croire ce qu’on leur dit. Et cela est si vrai, que la plupart même de ceux, qui sont les plus soumis, sentent cette répugnance et cette difficulté, qu’il y a à croire ce que la Religion leur enseigne et les oblige de croire. La nature y sent une sécrète répugnance et une sécrète oposition. De-là vient aussi que nos Christicoles tiennent pour maxime dans leur Religion, qu’il faut captiver l’esprit sous l’obéissance de la Foi in captivitatem redigentes omnern intellectum in obsequium Christi, 2 Cor. 10 : 5. laquelle Foi, ils avouent eux-mêmes, avoir été souvent ébranlée dans leurs plus grands Saints, lorsqu’ils voïoient la prospérité des méchants ; et prétendent que c’est un grand mérite de captiver ainsi son esprit sous l’obéissance de leur Foi.

Or contraindre et captiver ainsi son esprit sous l’obéissance de la Foi et vouloir renoncer ainsi aux propres lumières de sa raison, pour s’efforcer de croire contre ses propres sentimens ; n’est pas véritablement croire ; au contraire c’est plutôt faire voir que l’on ne croit véritablement point et que l’on ne sauroit véritablement croire ; car une véritable croïance est une