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de cuir, qui avoit un petit clou d’argent. Et tout ceci bailla le Roi Jean et son fils, le Roi Charles-le-Sage, pour la délivrance du dit Roi Jean. Et quand ils n’eussent rien voulu bailler, si ne l’eussent point les Anglois fait mourir ; mais tout au pis aller, ils l’eussent mis en prison[1]. Et quand ainsi eut été qu’ils l’eussent fait mourir, si n’eut été le paiement semblable à la millième partie de la moindre peine d’enfer. Pourquoi donc bailloit-il tout ce que j’ai dit et détruisit ses enfans et sujets de son Roïaume ; si non-pource-qu’il croïoit ce qu’il voïoit et qu’il savoit bien qu’autrement ne seroit délivré. Or n’est-il Prince, dit-il, ou peu, que s’il tient une ville de son voisin, que pour crainte de Dieu la voulût bailler, ni pour éviter les peines d’enfer. Et le Roi Jean, dit-il, bailla si grandes choses pour se délivrer seulement de prison. D’où il conclut avec raison, que c’est faute de foi et de croïance pour ces prétenduës grandes et importantes vérités, que la Religion enseigne. Et ainsi ce qu’ils ont de foi ou de croïance, ou plutôt ce qu’ils font semblant d’en avoir, n’est bien certainement qu’une vaine aparence de foi et de religion, ne voulant pas pour des raisons de politique, déclarer, ni découvrir plus ouvertement, les véritables sentimens de leur cœur.

Quand au commun des hommes on voit bien aussi par leurs mœurs et par leur conduite, que la plupart d’entr’eux ne sont guéres mieux persuadés de la vérité de leur Religion que ceux, dont je viens de par-

  1. Mémoire du Sr. Argentan, Liv. 5, pag. 449 et suivantes.