Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rement tous les jours, par la manière indifférente ou cavalière, dont ils traitent les choses de la Religion, la vie présente par l’amour excessif, qu’ils ont pour la vie présente et pour tous les Biens de la terre, par le peu de zèle, qu’ils ont pour la gloire de leur Dieu, et pour le salut particulier de leurs âmes, par le peu d’inclination, qu’ils ont d’aller jouir des prétendus recompenses éternelles du ciel, qui leur sont si avantageusement et si magnifiquement promises, et enfin par le peu de crainte, qu’ils ont de ces prétendus châtimens éternels d’un enfer, dont ils sont si terriblement menacés. Tout cela, dis-je, fait manifestement voir, qu’ils ne sont guères persuadés de ce qu’on leur en dit, et que les Prêtres ne le sont pas davantage de ce qu’ils en disent eux-mêmes aux autres ; car s’ils en étoient véritablement persuadés les uns et les autres, il seroit moralement impossible qu’ils en fussent si peu touchés et si peu émus.

Voici comme un auteur judicieux parle sur ce sujet, c’est le Sr. de Comines[1], Seigneur d’Argenton, dans ses Mémoires. Je dis, dit-il, que c’est faute de foi, dont il me semble que procèdent tous les maux qu’ont partie de ceux, qui se plaignent d’être grévés et foulés d’autrui et des plus forts. Car le pauvre homme ou riche, dit-il, qui aura vraïe foi et bonne, quel qu’il soit, et qui crouiroit fermement les peines d’enfer d’être telles que véritables elles sont, qui aussi craindroit avoir prins de l’autrui à tort, ou que son père ou son

  1. Mémoires de Comines, Chap. III.