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l’Athée, un Zozias, un Ætius, un Averhoës, célèbre Médecin Arabe[1], un Pline, fameux naturaliste, qui se moquoit des o pinions des hommes touchant la croïance des Dieux, et qui disoit que, s’il avoit à reconnoître quelque Divinité, il n’en reconnaitroit point d’autre que le Soleil. Témoin encore un Tribonian, fameux jurisconsulte, un Lucien, fameux et facétieux auteur, un Rabelais, Curé de Meudon, auprès de Paris, qui se moquoit de toutes les Religions du monde, un Spinosa, qui ne reconnoissoit aucune Divinité. Témoin encore un Jules III, Pape, 225, qui se moquoit lui-même de sa Dignité et de sa Religion, et enfin sans parler de plusieurs autres, témoin Léon X, pape Florentin de l’illustre maison de Médicis, homme docte, qui, se moquant de sa Religion, disoit par raillerie, ah ! combien nous sommes enrichis par cette fable de Christ ! Il y a grande aparence que notre fameux duc d’Orléans, ci-devant Régent de France, étoit dans de pareils sentimens touchant sa religion, s’il est vrai, comme on le tient, qu’il ait dit, à l’occasion de quelques pieuses Remonstrances que sa Mère lui faisoit : qu’il ne craignoit rien en ce monde et qu’il n’espéroit rien en l’autre.

Mais qu’est-il nécessaire de citer ici les sentimens particuliers de tant de personnes, puisque l’on voit presque manifestement partout, que c’est-là le véritable sentiment de la plus grande partie des gens du monde, et particulièrement des grands de la terre et des savans du siècle ? C’est ce qui se voit assez clai-

  1. Pline Liv. 11. Ch. 6.