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si constamment reçue parmi les hommes, qu’il n’y en ait toujours eu beaucoup, qui l’ont non-seulement révoqué en doute, mais qui l’ont même absolument nié ; car sans parler de plusieurs Nations, qui, suivant ce qui est raporté dans les histoires, ne reconnoissent aucune Divinité, on peut dire que dans tous les siècles passés, plusieurs de ceux, qui ont été les plus éclairés, les plus savans et même les plus sages, au moins selon le monde, ont été ceux, qui ont le moins cru l’existence d’un Dieu. Témoin, par exemple, un Socrate, qui a été jugé le plus sage Philosophe de son tems et même par l’oracle d’Apollon, lequel Socrate, aïant été accusé d’avoir mauvaise opinion des Dieux, ne daigna pas seulement se justifier et purger de ce prétendu crime et avala, avec une constance non pareille, la poison, qui lui avoit été ordonné de prendre. Témoin aussi Aristote[1], le plus grand Philosophe de son tems, et surnommé le génie de la nature, qui aïant aussi été accusé d’avoir de mauvais sentimens des Dieux, fut obligé de se retirer en la Colchide, où il mourut âgé de 63 ans. Témoin encore un Platon, Philosophe surnommé le divin, pour sa grande suffisance, lequel défendoit dans ses loix, d’intimider les hommes par aucune crainte des Dieux. Témoins un Diagoras, un Pithagore, tous deux grands Philosophes, qui furent exilés et bannis et leurs livres brûlés, pour avoir parlé mal des Dieux et écrit contre eux, et plusieurs autres semblables Philosophes, comme un Vaninus, célèbre Athée, un Théodore, surnommé

  1. Dict. Hist.