Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de leurs armes, si bien, que lorsqu’il arrive que le sort de la guerre ne leur est point favorable, que leurs armées sont mises en déroute par celle de leurs ennemis, ou que leurs villes sont prises et mises au pillage, ils en attribuent aussitôt la cause aux péchés des peuples, ils leur font acroire que Dieu est irrité contr’eux et qu’ils doivent tâcher de fléchir et d’apaiser sa colère par des oeuvres de pénitence et par une véritable conversion de leur coeur à Dieu. C’est pourquoi on les entend pour lors chanter d’un ton lugubre des : Domine non secundum peccata nostra faciat nobis, neque etc. Domine ne memineris iniquitatum nostrarum, et des : Domine adjuva nos et libera nos. Mais lorsqu’il arrive au contraire, qu’ils remportent quelques victoires signalées sur leurs ennemis, qu’ils mettent leurs armées en déroute, qu’ils prennent leurs villes, qu’ils ravagent leurs campagnes et qu’ils font sur eux quelque butin considérable, ils regardent toutes ces victoires-là, comme des marques visibles de la protection et des bénédictions de leur Dieu : les Magistrats et les Peuples en font partout des feux-de-joie et des réjouissances publiques, et vont en foule et en cérémonies dans leurs Temples, ou Églises, chanter avec les Prêtres de magnifiques Te Deum, c’est-à-dire de magnifiques cantiques de joïe et de louange, en action de grâce à leur Dieu, comme pour le remercier d’autant plus dignement des victorieux carnages, des victorieux ravages et des victorieuses désolations qu’ils font sur la terre, et ainsi, tous tant qu’ils sont, sont si aveugles que de regarder tant de si grands, tant de si funestes, et tant de si détestables maux comme de