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vertu, ils affectent de les faire passer pour des rares et éminentes vertus et pour des vertus héroïques, et font merveilleusement éclater le peu de bien qu’il leur arrive quelque fois de faire à quelques particuliers. De-là vient que l’on voit assez souvent comme des débordemens de vains éloges et de vaines louanges en leur faveur. Les Juges et les Magistrats, qui sont établis pour maintenir la justice et le bon ordre partout, qui sont établis pour réprimer le vice et pour punir sévèrement les coupables, n’oseraient rien entreprendre contre les vices, ni contre les injustices des Rois : ils poursuivent et punissent sévèrement les petits criminels, ils font pendre et rouer les petits voleurs et les petits meurtriers ; mais ils n’osent rien dire aux grands et puissans voleurs, à ces grands et puissans meurtriers et incendiaires qui désolent toute la terre, qui mettent tout à feu et sang et qui font périr des milliers et des millions d’hommes.

Et ce qu’il y de plus particulier à remarquer en cela est, que ceux-là-mêmes qui par leur profession de piété et de Religion, qui en leur prétendue qualité de Ministre de Dieu et en leur prétendue qualité de père, ou de pasteur spirituel des peuples, comme sont particulièrement nos St. Pères les Papes, nos Seigrs. les Évêques, Messieurs les Docteurs et généralement tous les Prêtres, et Prédicateurs de l’Évangile qui se vantent d’infaillibilité dans leur foi et dans leur doctrine, qui devroient par conséquent aussi être incorruptibles dans leurs moeurs, et qui devroient se sacrifier eux-mêmes pour la vérité et pour la justice en faveur des peuples, ceux-la-mêmes, dis-je, qui devroient