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sans que toute l’Europe se soit unie pour en tirer une vengeance exemplaire ? Au contraire il aura fallu qu’elle ait menacé les uns, attaqué les autres, comme pour insulter à leur insensibilité, et après tout on aura la lacheté, même sur le déclin de sa fortune, de lui accorder la paix, aux conditions qu’il lui aura plû de préscrire ? C’est ce que l’on aura peine à croire dans les siècles à venir. Mais s’il y en a qui doivent être touchés d’un plus juste sentiment de vengeance, se sont tous les princes de l’Empire en général, comme étant du sang de ces grands empereurs, dont ils ont vu profaner si indignement les cendres et les tombeaux à Spire. Il y en a peu qui n’en soïent issus ; aussi est-il à croire qu’une profanation si atroce, si injurieuse, aura fait bouillonner le sang dans leurs veines, par une impression que la nature y a dû faire : d’où il est à présumer qu’ils ne poseront les armes, qu’après l’avoir vengé hautement,[1] et satisfait en même tems à ce qu’ils doivent à leur naissance, à leur patrie et à la gloire de l’Empire, qui a été si prostituée dans cette occasion, etc.

Tout ce que je viens de raporter ici du Gouvernement tirannique des Princes et des Rois de la terre, et particulièrement de nos derniers Rois de France, font manifestement voir qu’ils ne sontque des tirans et qu’ils abusent grandement de leur puissance et autorité, puisque cette puissance et autorité ne leur a été donnée, que pour gouverner sagement les peuples, dans la justice et l’équité et les maintenir en paix. Les Peuples, comme dit fort bien le Sr Dumoulin,

  1. Salut de l’Europe 1690.