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de même avec l’Empereur en celui-ci. Il a fallu que la France ait convaincu tous les Alliés de l’iniquité de ses maximes, qu’ils en aïent éprouvé tous et chacun en particulier mille funestes effèts, et qu’enfin le danger commun les ait unis par une nécessité inévitable de se défendre ; il a fallu, dis-je, que cette couronne ait attaqué les uns de gaïeté de coeur, et menacé les autres après 40 ans d’injustice, de violence et d’usurpation, pour former une ligue si juste et si nécessaire. Et enfin, quand il n’y auroit que la justice de venger toutes ces incendies, tous ces sacrilèges et toutes ces cruautés excérables, dont elle a désolé, dans ses guerres, les belles Provinces de l’Allemagne, où ses armées ont pénétré, il est certain que ce seroit assez pour y faire entrer toute l’Europe, par un intérêt général de sauver à la Postérité l’énormité de l’exemple. Quoi ! La France aura pu inciter le Turc à la conquête de la Hongrie et de l’Empire, puis sur le malheur du succès relever ses espérances, par une infraction la plus énorme qui fut jamais ? Elle aura pu, dis-je,[1] outre l’indignité de l’alliance et l’injure de l’infraction, mettre tout à feu, villes, églises, bourgs, palais, chateaux et en un mot tout ce qui se sera présenté à la fureur de ces incendiaires ; enveloper hommes, femmes et enfans dans les flammes, profaner le sanctuaire par une infinité de sacrilèges et d’abominations et se faire honneur, pour ainsi dire, du renversement de toutes les loix divines et humaines ? Oui, elle aura pû commettre toutes ces énormités de volonté délibérée, et dans un pays où elle ne trouveroit aucune résistance,

  1. Cruauté des François.