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servir d’instrumens au malheur de leurs voisins. C’est sur des maximes semblables que l’Empire Ottoman s’est toujours agrandi, mais il y a encore cette différence, que le Ministère de France[1] en a rejetté cette espèce de bonne-foi qu’on y a observée, parce qu’il s’est fait une nouvelle morale et une nouvelle jurisprudence, qui en dispense ; de sorte que tout y conspire présentement à l’injustice, à la violence et à l’usurpation.

C’est à la faveur de tous ces beaux principes que la France est parvenue, sous ce règne, à un si haut dégré de puissance, et c’est sur les mêmes qu’elle s’élevera toujours plus, si l’on ne fait les derniers efforts, dans cette guerre, pour l’abaisser… On diroit que la France a répandu, parmi tous les Princes voisins, un poison lent, qui les tient assoupi à la vûë du danger où ils sont… ou que, content du repos présent, ils attendent d’elle la grace de Polypheme, qui est, d’être dévorés les derniers. Cependant je ne vois pas qu’il y ait lieu de se flatter là-dessus ; car le danger n’est peut-être pas si éloigné qu’il se le figure… Mais posons le cas que la France s’oblige, par Traité à faire, de ne donner aucun secours au Turc, ni directement, ni indirectement, quelle confiance peut-on prendre dans cette obligation, elle qui est en possession et qui croit même être en droit de n’en tenir aucun[2] ? Elle a trompé l’Espagne par des promesses toutes semblables au Traité de Vervin et à celui des Pyrénées et elle ne manquera pas d’en user

  1. Corruption de toute justice et de toute vertu.
  2. Mauvaise-foi de la France.