Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut du bien, pour leur être en vûë. Il falloit lever un Régiment ou une Compagnie, chacun selon ses moïens, afin d’en être considéré ; et malheur à qui prétendoit s’en défendre pour vivre dans le repos ; on soutenoit un païsan contre son Seigneur ; on condamnoit celui-ci à des amendes et à des réparations honteuses ; on lui disputoit à tous momens ses titres et ses prérogatives, et s’il apelloit à la Cour de ces persécutions, il y étoit rebuté et renvoïé, après des dépenses et des sollicitations inutiles, à son prémier jugement. C’est par la continuation de ces violences et véxations, que toute la Noblesse s’est jettée à la guerre ; et comme elle y est toute ruinée pas les dépenses, dont on l’y surcharge, il n’y a plus que les charges et les pensions qui les soutiennent.

Il seroit inutile de parler ici de l’opression des peuples, parce qu’elle est connue de tout le monde, il suffit de dire, que la violence de ce Règne a tellement épuisée les peuples, qu’à peine leur reste-t-il de quoi soutenir leur misère : mais ce qui fait le malheur des sujets, est ce qui établit au-dehors la puissance de la Monarchie ; car c’est ce qui fournit à la depense de ses armemens, qui n’ont jamais été si nombreux sur terre et sur mer et ce qui réveille leur industrie, en les attachant au commerce et aux manufactures, qui servent à attirer en France toutes les Richesses des Païs étrangers[1]. Ce qu’il y a à remarquer sur ce sujet est, que le Parlement, qui était autrefois médiateur entre le Roi et le peuple, et qui, par un doux

  1. Opression des peuples.