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Mais ce qui marque le plus cette corruption générale, c’est qu’à présent le Clergé raporte toutes les prérogatives du caractère ecclésiastique à autoriser la violence du Gouvernement[1]. Car on y voit les Prélats justifier les concussions dans les Provinces, tantôt sous prétexte de Religion et tantôt sous celui d’une nécessité publique. Les Prédicateurs séculiers et réguliers mélèrent indistinctement la gloire du Roi avec la parole de Dieu dans leurs sermons, et les Professeurs de droit et de théologie tournèrent toutes leurs subtilités à accréditer ses usurpations et à y conformer toutes les loix divines et humaines, c’est par ces sortes de prostitutions que l’on se fait connoître à la Cour. La plus vile et souvent la plus criminelle y fait la distinction du mérite.

La Noblesse, qui est le second rang ou le second membre de l’État, tenoit de même un Rang très-considérable dans l’État, tant par les prérogatives, dont elle jouissoit sur ses teres, que pour les égards, qu’on avoit pour elle à la cour ; mais aujourd’hui que le Gouvernement des Provinces est entre les mains des Intendans, et que le Ministère a attiré tout à lui, il n’y a rien de plus souple et de plus rampant[2], il n’y a de salut pour elle que dans le service. Les intendans, ces furêts de Provinces, ont su la déterrer dans toutes ses demeures de Campagne. Il n’y a point de véxatoins, pour injurieuses qu’elles puissent être, dont ils ne se soient servis, pour la réduire à la nécessité de servir. C’étoit assez qu’un Gentilhomme

  1. Corruption et lacheté du Clergé.
  2. Abaissement et lacheté de la Noblesse de France.