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les y élever ; il y eut du changement, dès que Francois I eut obtenu, par le concordat, la Faculté de nommer aux prémiers Bénéfices du Roïaume : néanmoins on y garda longtems assez de distinction, tant afin d’ôter aux Papes tout sujèt de plaintes, que parce que l’on avoit besoin pour lors de gens habiles et de vie exemplaire, pour les oposer aux Huguenots, mais à présent que l’on s’est mis au-dessus de toutes ces considérations, et que la faveur tient lieu de mérite à tout Ecclésiastique qui veut s’avancer, on n’y voit plus qu’une prostitution générale de tous les droits de l’Église à l’ambition du Prince et à la violence du Ministère. C’est ce qui se vit à l’assemblée du Clergé[1], qui se tint en 1682. Au sujèt de la Régale où, au lieu de les soutenir contre les attentats de la cour, comme ils y étoient obligés, tant par la justice de la cause, que par son propre interèt, il eut la lâcheté, non seulement de les lui abandonner, mais de passer même son Acte injurieux à la dignité du chef, et cela par ce que la cour vouloit le mortifier. Ce qu’il y eut de plus curieux et de plus ridicule tout ensemble dans la dispute, est que des années auparavant des docteurs de Sorbonne avoient été exilés, pour avoir sontenu : que le Pape étoit faillible, et qu’ici l’on en punit d’autres de la même peine pour avoir soutenu le contraire ; d’où l’on peut voir que le Roi ne s’est pas moins acquis de supériorité sur le spirituel, que sur le temporel et que tout y roule présentement sur son bon plaisir, qui est devenu la loi de l’État.

  1. Corruption du Clergé.