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mise au-dessus de tous droits divins et humains, elle se croïoit autorisée à suivre impunément tous les mouvemens de fureur et d’impiété, que son génie lui inspire, le fer, le feu, la profanation et tout ce qui se peut imaginer de la licence la plus débordée du soldat, sont emploïés pour ravager le païs où ses Armes peuvent pénétrer, nulle considération pour l’âge, ni pour le sexe, nulle distinction pour aucune dignité ecclésiastique ou séculière, nul respect pour la sainteté des lieux, ni pour ce qu’il y a de plus sacré dans la Religion, rien ne doit demeurer ou être, que ce qu’elle est sûre de garder, de sorte que s’il y a une paix à espérer avec elle, ce ne peut être que de celles dont parle Tacite, qui sont les suites malheureuses d’une désolation générale : auferre, trucidare, rapere falsis nominibus imperium atque ubi solitudinem fecerint pacem apellant[1]. Il seroit superflu, dit l’auteur, d’entrer ici dans le détail de ses ravages et de ses cruautés, tant à cause que les exemples en sont tous réçens, que parce que le récit n’en pourroit donner qu’une idée fort imparfaite.... Il ne s’agit pas ici, dit-il, des désordres suivis dans la chaleur de l’action, comme il en arrive dans toutes les guerres. Les ordres de la cour y ont été précis, les généraux ont dû présider à l’exécution, et s’il y en a eu qui s’y soient relachés par l’indignité du crime, ils en ont été punis sévèrement pour l’exemple, ce qui marque en elle un dessein formé de diriger à l’avenir toutes ses conquêtes sur les maximes des nations les plus barbares.

  1. Agric. 30. 7.