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Roïaume et de les mettre en tel état, qu’ils ne puissent leur nuire, et c’est une maxime à eux de sémer des querelles et des divisions entre leurs principaux Ofliciers et même entre leurs peuples, afin qu’ils ne pensent point à conspirer contr’eux. C’est à quoi ils réussissent comme ils le souhaitent, en chargeant, comme ils font, leurs peuples de grosses tailles : car par ce moïen ils s’enrichissent eux-mêmes, autant qu’ils veulent, en épuisant leurs sujèts, ils mettent par ce moïen le trouble et la division entr’eux : car pendant que les particuliers de chaque Paroisse sont en discorde, en haine et en contestation entr’eux, au sujet de la répartition particulière, qu’ils sont obligés de faire entr’eux des dites tailles, dont chacun d’eux se plaint d’en avoir trop et d’en avoir plus, qu’il ne devroit avoir par raport à son voisin, qui est plus riche et qui en aura peut-être moins que lui, pendant, dis-je, qu’ils sont en discorde et en dispute sur ce sujèt, qu’ils se quérellent et qu’ils se donnent mille injures et mille malédictions les uns aux autres, ils ne peuvent seulement point s’en prendre à leur Roi, ni à ses Ministres, qui sont néanmoins la seule véritable cause de leurs troubles et de leurs fâcheries, ils n’osent murmurer ouvertement contre leur Roi, ni contre ses Ministres, ils n’oseroient s’en prendre à eux, ils n’ont pas même l’esprit ou le courage de s’unir de concert ensemble, pour secouer, d’un commun accord, le joug tirannique d’un seul homme, qui les commande avec tant de dureté, qui leur fait souffrir tant de mal, et ils s’égorgeroient volontiers les uns les autres pour satisfaire leur haine et leur animosité particulières.