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qu’ils auroient dûs toujours inviolablement conserver entr’eux, comme ils avoient commencé. De sorte qu’il n’y a presque plus de biens, possédés en commun parmi eux, si ce n’est parmi ceux que l’on apelle des Moines : car pour ce qui est des Paroisses ou Communautés laïques et séculières, s’ils ont encore quelques biens en commun, c’est si peu de chose, que ce n’est pas la peine d’en parler, puisque cela ne fait presque rien à chaque particulier.

Mais les Moines, comme plus sages, et plus prudens en cela que les autres, ont toujours eu soin de conserver tous leurs biens en commun et d’en jouir tous en commun. C’est pourquoi aussi on voit qu’ils se maintiennent toujours dans un état florissant, que rien ne leur manque et qu’ils ne se sentent jamais des misères ni des incommodités de la pauvreté, qui rendent la plûpart des autres hommes si malheureux dans la vie. Leurs couvents sont aussi superbement bâtis et aussi magnifiquement ornés et meublés, que des maisons de Seigneurs et que des palais de Rois, leurs jardins et leurs parterres sont comme des Paradis terrestres et comme des jardins de délices, et leurs gréniers, aussi bien que leurs basses-cours, sont toujours abondamment fournis de tout ce qu’il y a de meilleur, c’est-à-dire des meilleurs vins, des meilleurs grains et des meilleures volailles. En un mot, leurs maisons sont comme des réservoirs de tous biens et de toutes commodités, dont tous les particuliers ont le bonheur de jouir en commun. Et on pouroit dire, qu’ils seroient les plus heureux des mortels, si avec tous les biens et toutes les commodités, dont ils jouissent, ils