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au même bien, ce qui cause des troubles et des divisions continuelles entr’eux, mais quand ils ont tous été élevés et instruits, de jeunesse, dans les mêmes principes de morale, et qu’ils ont tous apris à suivre les mêmes règles de vivre, pour lors ils se portent tous bien plus parfaitement au bien et conspirent tous unanimement et paisiblement au même bien.

Ce seroit donc bien mieux fait aux hommes de laisser toujours entr’eux la liberté des Mariages et de l’union conjugale ; ce seroit bien mieux fait à eux, de faire élever, nourrir, entretenir et instruire également bien tous leurs enfans dans les bonnes moeurs, aussi bien que dans les sciences et dans les arts. Ce seroit bien mieux fait à eux de se regarder et de s’aimer toujours tous, les uns les autres, comme frères et comme soeurs. Ce seroit bien mieux fait à eux, de ne point faire entr’eux de distinction de familles à familles et de ne point se croire de meilleure famille, ni de plus noble naissance, les uns que les autres. Ce seroit bien mieux fait à eux, de s’occuper tous à quelque bon travail ou à quelque honnête et utile exercice et de porter chacun d’eux leur part de la peine du travail et des incommodités de la vie, sans vouloir injustement laisser aux uns toute la peine et toute la charge du fardeau, pendant que les autres ne feroient que prendre leur plaisir et leur contentement. Enfin ce seroit bien mieux fait à eux, de posséder tout en commun et de jouir paisiblement tous en commun des biens et des commodités de la vie, et tout cela sous la conduite et direction des plus sages. Ils seroient certainement tous incomparablement