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que faire de se maltraiter les uns les autres, ni de se maudire, ni de se déchirer avec tant de fureur, comme ils font les uns les autres, parcequ’ils pouroient librement se quitter, du moment qu’ils cesseroient de s’aimer ou de se plaire ensemble, et qu’ils pouroient librement chercher leur contentement. En un mot, il n’y auroit point de maris malheureux, ni de femmes malheureuses, comme il y en a tant, qui sont pendant toute leur vie misérables, sous le joug fatal d’un mariage indissoluble ; au contraire ils auroient toujours agréablement et paisiblement les uns les autres leurs plaisirs et leurs contentemens ensemble, parceque ce seroit pour lors toujours la bonne amitié, qui seroit le principe ou le motif principal de leur union conjugal, ce qui seroit un très-grand bien pour eux, aussi bien que pour les enfans qui en proviendroient, parcequ’ils ne seroient pas comme tant de pauvres enfans, qui demeurent orphelins de père ou de mère, et souvent de l’un et de l’autre tout ensemble, et qui, pour ce sujet, sont comme abandonnés d’un chacun, et lesquels on voit souvent malheureux sous les loix et l’autorité de quelques bruteaux beau-pères, ou de quelques mauvaises belles-mères, qui les font jeûner et qui les maltraitent de coups, ou sous la conduite de quelques tuteurs ou curateurs, qui les négligent et qui mangent ou dissipent mal à propos leurs biens. Ils ne seroient pas non plus comme tant d’autres pauvres enfans, que l’on voit malheureux sous la conduite même de leur père et de leur mère, et qui souffrent, dès leur plus tendre jeunesse, toutes les misères de la pauvreté, le froid de l’hiver, la chaleur