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très-brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible, ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs piés, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes, ils se retirent la nuit dans des tanières, ou ils vivent de pain noir, d’eau et de racines, ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi, dit-il, de ne pas manquer de ce pain, qu’ils ont semé et qu’ils ont fait venir avec tant de peine. Oui certainement, ils mériteroient de n’en pas manquer, ils mériteroient bien même d’en manger les premiers et d’en avoir la meilleure part, comme aussi d’avoir la meilleure part de ce bon vin, qu’ils font venir aussi avec tant de peines et de fatigues. Mais ô cruauté inhumaine ! Les Riches et les Grands de la terre leur ravissent la meilleure part des fruits de leurs travaux et ne leur laissent, pour ainsi dire, que la paille de ce bon grain et la lie de ce bon vin, qu’ils font venir avec tant de peines et de travail. L’auteur, que j’ai cité, ne dit pas ceci, mais il le fait assez suffisamment entendre. Enfin, si tous les biens étoient, comme j’ai dit, sagement gouvernés, personne n’auroit que faire de craindre pour soi, ni pour les siens la disette, ni la pauvreté, puisque tous les biens et que toutes les richesses seroient également pour tout le monde, ce qui seroit certainement le plus grand bien et le plus grand bonheur, qui pouroit arriver à des hommes.

Pareillement, si les hommes ne s’arrêtoient point, comme ils font, à de vaines et injurieuses distinctions