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dont je parle, que les biens, étant si mal partagés entre les hommes, les uns aïant tout ou aïant beaucoup plus qu’il ne leur en faudroit pour leur juste portion, et les autres au contraire n’aïant rien, ou manquant de la plupart des choses, qui leur seroient nécessaires ou utiles, il arrive de-là, dis-je, que naissent d’abord les haines et les envies entre les hommes. De-là naissent ensuite les murmures, les plaintes, les troubles, les séditions et les guerres qui causent une infinité de maux parmi les hommes. De-là naissent aussi mille et mille milliers de mauvais procès, que les Particuliers sont obligés d’avoir entr’eux pour défendre leurs biens et pour maintenir leurs droits, comme ils prétendent. Lesquels procès leur donnent mille peines du corps et mille et mille inquiétudes d’esprit, et causent assez souvent la ruine entière des uns et des autres. De-là arrive aussi que ceux, qui n’ont rien ou qui n’ont pas tout le nécessaire, sont comme contraints et obligés d’user de quantité de méchans moïens, pour avoir de quoi subsister. De-là viennent les fraudes, les tromperies, les fourberies, les injustices, les rapines, les vols, les larcins, les meurtres, les assassins et les brigandages, qui causent une infinité de maux parmi les hommes.