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d’une parois entre les deux, puisque fort souvent des maisons des riches, où se trouve l’abondance de tous biens, et où sont les joïes et les délices d’un Paradis, on peut atteindre aux maisons des pauvres, où se trouve l’indigence de tous biens, et où sont toutes les peines et toutes les misères d’un enfer. Et ce qui est, encore en cela de plus indigne et de plus odieux est que très-souvent ceux, qui méritent le plus de jouir des douceurs et des plaisirs de ce Paradis sont ceux, qui souffrent les peines et les supplices d’un enfer, et que ceux au contraire, qui mériteroient le plus de souffrir les peines et les misères de cet enfer sont ceux, qui jouissent le plus tranquillement des douceurs et des plaisirs de ce paradis. En un mot, les gens de bien souffrent dans ce monde-ci les peines que devroient souffrir les méchans. Et les méchans y jouissent ordinairement des biens, des honneurs et des contentemens, qui ne devroient être que pour les gens de bien. Car l’honneur et la gloire ne devroient apartenir qu’aux gens de bien, comme la honte, la confusion et le mépris ne devroient apartenir qu’aux méchans et qu’aux vicieux ; cependant le contraire arrive ordinairement dans le monde, ce qui est manifestement un très-grand abus et une injustice tout-à-fait criante, et c’est sans doute ce qui a donné lieu à un autre, que j’ai déjà cité, de dire que ces choses sont renversées par la malice des hommes, ou que Dieu n’est pas Dieu, car il n’est pas croïable qu’un Dieu voudroit souffrir un tel renversement de justice.

Ce n’est pas tout, il arrive encore de cet abus,