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gloire, pendant que les autres sont toujours dans la crasse et dans le mépris ; car les riches sont toujours assez honorés et considerés, mais on ne fait ordinairement que du mépris des pauvres. Il arrive de-là, que les uns n’ont rien autre chose à faire, que de se reposer, que de jouer, que de se promener et dormir tant qu’ils veulent, et enfin rien à faire que de boire et de manger tout leur saoul, et s’engraissent ainsi dans une douce et molle oisiveté, pendant que les autres s’épuisent de travailler, qu’ils n’ont point de repos ni jour ni nuit, et qu’ils suent sang et eau pour faire venir les choses nécessaires à la vie. Il arrive de-là, que les riches trouvent dans leurs maladies et dans tous leurs autres besoins tous les secours, toutes les assistances et toutes les douceurs, toutes les consolations et tous les remèdes, qui se peuvent humainement trouver, pendant que les pauvres demeurent abandonnés dans leurs maladies et dans leurs misères, et qu’ils y meurent sans secours d’aucun remède, sans douceurs et sans consolations dans leurs maux. Et enfin il arrive de-là, que les uns sont toujours dans la prospérité et dans l’abondance de tous biens, dans les plaisirs et dans la joïe, comme dans une espèce de Paradis, pendant que les autres sont au contraire toujours dans les peines, dans les souffrances, dans les afflictions et dans toutes les misères de la pauvreté, comme dans une espèce d’enfer, et ce qui est encore de plus particulier à cet égard, est que souvent il n’y a qu’un très-petit interval entre ce Paradis et cet enfer ; car souvent il n’y a que le travers d’une Rue, ou l’épaisseur d’une muraille ou