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et les obliger absolument à s’occuper à quelque honnête et utile exercice comme font les autres. Les plus vils et les derniers emploïs d’une bonne République sont utiles et nécessaires, il faut qu’il y ait des gens qui s’en mêlent, on ne sauroit s’en passer. On a besoin par exemple dans toutes les Paroisses de quelque berger et de quelque porcher pour garder les troupeaux, et on a besoin par tout de fileuses de laines et de blanchisseuses de linges. Mais quel besoin a-t’-on dans une République de tant de prières, de tant de moines et de tant de moinesses, qui vivent dans l’oisiveté et dans la fainéantise ? Quel besoin a-t’on de tous ces pieux fainéans et de toutes ces pieuses fainéantes ? Certainement on en a aucun besoin et ils ne sont d’aucune véritable utilité dans le monde. C’est donc encore un coup, un abus et un très-grand abus de souffrir que tant de moines et de moinesses, et que tant de Prêtres et d’Ecclésiastiques soient si inutilement à charge au Public. Cela est manifestement contre la droite Raison et contre la justice ; et cela est si vrai que l’Église Romaine elle-même n’a pu s’empêcher de reconnoître cet abus à l’égard de la moinerie. C’est pourquoi aussi pour empêcher le progrès continuel de cet abus, elle a fait des défenses expresses d’inventer dans la suite de nouvelles formes de Religions, prévoïant bien que cette grande multitude et diversité de moines pouroit causer du désordre et de la confusion dans l’Église. Ce fut premièrement dans le Concile de Latran, sous le pape Innocent III, qu’elle fit cette défense. Voici comme parlent les Pères de ce Concile. Et afin,