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c’est l’orgueil, dit-il, la mollesse et l’oisiveté de certains hommes, qui en mettent tant d’autres dans une affreuse misère et pauvreté, oui certainement, c’est ce grand nombre de gens inutiles et fainéans, qui réduisent les autres dans une affreuse misère.

Mais, dira-t-on, tous ces Ecclésiastiques, tous ces Abbés, tous ces Chanoines et tous ces bons moines prient tous les jours pour les peuples, ils célèbrent tous les jours les saints mistères, ils offrent tous les jours le saint sacrifice de la Messe, qui est, dit-on, d’une valeur et d’un mérite infini, ils détournent par leurs prières les fléaux de Dieu, et attirent sur les peuples les grâces et les bénédictions du ciel, ce qui, est, dira-t’-on, le plus grand bien que l’on puisse désirer, et par conséquent il est bien juste et raisonnable de leur fournir abondamment de quoi subsister et s’entretenir honnêtement, puisqu’ils procurent tant de biens au monde par leurs prières. Mais vanité que celle-là, une seule heure de bon travail vaut mieux que tout cela. Quand tous les moines et que tous les prêtres célébreroient chacun 20, 30 et même 50 messes par jour, elles ne vaudroient pas toutes ensemble un seul cloud à soufflet, comme on dit ordinairement. Un cloud est utile et nécessaire et on ne sauroit même s’en passer en plusieurs choses, mais toutes les prières, toutes les oraisons et toutes les messes, que les moines profez et les autres prêtres sauroient dire, ne servent de rien et ne sont utiles, qu’à faire venir de l’argent à ceux qui les disent. Un seul coup de hoïau par exemple, qu’un pauvre manouvrier donne en terre pour la cultiver, est utile et sert à faire ve-