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et de Chapelets ; on a bien à faire qu’ils se déguisent sous tant de diverses et si ridicules formes d’habits ; on a bien à faire qu’ils s’enferment dans des cloitres, qu’ils marchent piés nuds dans des neiges et dans des boues, et qu’ils se donnent tous les jours la discipline ; on a bien à faire qu’ils aillent tous les jours réglément à certaines heures du jour et de la nuit chanter des Pseaumes et des Cantiques dans leurs églises. Les oiseaux sauvages chantent et ramagent assez dans les champs et dans les bois ; les peuples n’ont que faire de nourrir si grassement tant de gens, pour ne faire que chanter dans des temples. On a bien à faire encore qu’ils aillent tous les jours leur faire des génuflexions et de profondes révérences. On a bien à faire, dis-je, de tout cela dans le monde, tout cela n’est d’aucune utilité, tout cela ne sert de rien, tout cela n’est que sotise et vanité, et quand ils occuperoient même tout le jour et toute la nuit à marmotter et à chanter, ainsi qu’ils feroient chaque jour mille et mille dévotieuses révérences devant leur idole de pâte, tout cela ne serviroit de rien au monde. C’est donc manifestement un abus et un très-grand abus, de leur donner pour cela de si grandes richesses, et de les nourrir si grassement au dépend du Public et au grand préjudice des bons et des meilleurs ouvriers, qui s’occupent tous les jours à des honnêtes et utiles emplois, et qui manquent néanmoins fort souvent de ce qui leur seroit le plus nécessaire dans la vie. La nature seule, disoit le sage Mentor à Télémaque, tireroit de son sein fécond tout ce qu’il faudroit pour un nombre infini d’hommes modérés et laborieux, mais