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les autres au culte d’une Divinité imaginaire, et sous prétexte d’aller réglément tous les jours, à certaines heures du jour et de la nuit, adorer dévotieusement un Dieu de pâte et de farine, lui offrir de l’encens, lui faire des douzaines de génuflexions et de profondes révérences, et marmotter et chanter devant lui des Pseaumes et des Cantiques, que ce Dieu n’entend pas et ne sauroit entendre, puisqu’il n’a point d’oreilles pour entendre, ni des yeux pour voir les honneurs, qu’ils lui rendent, non plus que des narines pour sentir l’odeur de leur encens et de leurs parfums, s’imaginent faire assez pour mériter d’avoir, les uns tous les grands biens qu’ils possèdent, et les autres pour avoir, en quêtant partout, les Aumônes grasses et abondantes qu’on leur donne, sans être obligé de faire aucun autre travail. C’est pourquoi aussi on voit, qu’après qu’ils ont emploïé seulement quelques heures du jour et de la nuit au culte de leurs Divinités et de leur Dieu de pâte, ils n’ont plus rien à faire qu’à se reposer, qu’à se divertir agréablement, qu’à se promener, à jouer, à faire bonne chère et à s’engraisser dans une douce et pieuse oisiveté. Car on ne sauroit nier que ce ne soit-là la vie ordinaire de tous ces fainéans moines, de tous ces fainéans Abbés et de tous ces fainéans Chanoines, qui possèdent partout de si grands biens, et qui ont partout tant de si bons revenus.

On a bien à faire de tous ces gens-là dans le monde, on a bien à faire de tous ces diseurs de messes et de bréviaires, de tous ces diseurs de matines et de complies, de tous ces diseurs d’Oraisons