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nes, sans aucune obligation au travail, ni corporel ni spirituel, selon la singulière doctrine des moines mendians, dans le livre doré des heureux succès de la Religion, si cela a lieu sur le verd pour quoi non sur le sec ? Si cela est permis aux parfaits, pourquoi les imparfaits ne tâcheroient-ils pas de se former sur ce St. Exemplaire et d’aspirer par-là à la perfection de la Ste Oisiveté ? Que, si les Loix publiques condamnent à de grandes peines les valides mendians, et les châtient comme des larrons, qui volent par artifice et par truanderie aux vrais misérables les aumônes, qui leur apartiennent et qui leur seroient distribuées par la piété des gens de bien, qui oseroit dire que l’Église, en aprouvant leur règle, ait voulue renverser les saintes et salutaires Loix en favoir de ceux, qui devroient servir de sel à la terre et de lumière au monde, et qui devroient se glorifier, comme St. Paul, de travailler plus que les autres, et qu’elle les autorisât pour boire et manger sans travailler, et pour vivre du fruit, qui provient de la sueur du front de tous les autres hommes ? Ceux, qui aspirent à la perfection, doivent travailler plus que les autres, par ce que la sueur est au front de la vertu et le temple du labeur devant celui de l’honneur et non pas pour demeurer dans la fainéantise et pour vivre de mendicité. Il est plus convenable, plus glorieux et plus louable de donner que de recevoir, comme Jésus-Christ disoit au raport de St. Paul[1] : Beatius est magis dare quam accipere. Il vaudroit mieux, dit

  1. Act. 20 : 35.