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pagnon du disciple de S. Benoit. Et puis, qui s’étonnera, dit le Mr. du Bellay, qui s’étonnera si les bénits Frères Moines Bénédictins mettent des couronnes et des sceptres, avec les Mitres et les crosses, sous les piés de leur bien aimé Père.

Tous les autres Monastères des autres différends Ordres, qui sont l’entés, ont pareillement de très-grands biens et de très-grands revenus, de sorte que l’on peut dire de tous, qu’ils sont des réservoirs de tous biens, de toute abondance et de toutes richesses. Comment peuvent-ils donc accorder des prétendus vœux de pauvreté et de mortification avec la possession et la jouissance de tant de biens et de tant de richesses. Un petit Moine Bénédictin qui a, par exemple, 15 mille Monastères pour se retirer, comme dit Trithème, ou 57 mille, comme dit Fallengius, tous deux Moines de cet Ordre, lesquels Monastères sont pour la plûpart bâtis comme des Palais de Princes et de Rois, peut-il se dire ou se croire pauvre ? Être dans un des Couvents de 50, de 80, ou de 100 mille Écus de rentes, et en un besoin être dans celui du Mont Cassin, qui a près de deux millions d’or de revenus annuels, pour entretenir cent ou six vingt cellules de Moines, est-ce être pauvre ? Est-ce être affligé ? Est-ce observer le vœu de pauvreté, que d’avoir la possession et la jouissance de tant de biens et vivre au milieu d’une telle abondance de richesses ? Voilà des pauvres qui sont bien à plaindre ! Quel abus ! et quelle momerie ! De prétendre faire ainsi des vœux, pour les observer si mal ! Quel abus et quelle folie de souffrir et d’approuver un tel déréglement ! Quel abus et quelle folie,