Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il est si pauvre, dit Mr. l’Évêque du Bellay, il est si pauvre qu’il n’a pas, au plus petit pié, moins que 100 millions d’or de revenu ou rente annuelle. Ses Abbés, dont St. Bernard loue d’un si beau ton et d’un air si magnifique en tant de lieux l’humilité, voulurent, dit Mr. du Bellay[1], premièrement avoir toutes les marques Épiscopales et pontifier en Évêque avec l’anneau, les sandales ou les bottines, les gands, les tunicelles, la mitre, les crosses, le tronc ; par après, non contens de l’exemtion de la jurisdiction des Ordinaires, c’est-à-dire des Évêques, ils voulurent avoir en divers lieux la jurisdiction épiscopale, non seulement sur leurs frères, mais aussi sur les Écclésiastiques du Clergé, avoir aussi aux Synodes grands Vicaires, Promoteurs, Tribunaux, Brèf, tout ce que l’on apelle Fort et Loi Diocésain. Presque par tous les Évêchés, continue t-’il, ils ont éléve Église contre Église, dignité contre dignité, autorité contre autorité, jurisdiction contre jurisdiction, richesse contre richesse et ont effacé tout le lustre et toute la puissance de la Dignité Épiscopale. On voit peu de Cathédrale, dit-il encore, qui n’ait en front des Monastères de l’Ordre de S. Benoît, qui les contrecarrent en tout et qui même ne surpassent de beaucoup la splendeur des Épiscopales. Il y en a tel qui a cent mille Écus de rente dans une Cité, où l’Évêque n’en a que six mille, un autre qui a 50 mille Écus de rente dans une cité, où l’Évêque n’a pas deux mille livres de rente ; l’abondance et la richesse de cet Ordre est une mer, dit-il, qui n’a ni fond ni rive.

  1. Dans son livre à Hermodore.