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qu’ils fassent profession de vivre dans la mortification du corps et de l’esprit et dans des exercices continuels de pénitence, cependant ils ne laissent pas que de vivre agréablement dans le monde, ils ne laissent pas que de posséder les richesses et les biens et d’avoir agréablement toutes les commodités de la vie. C’est pourquoi aussi leurs couvents sont comme des Maisons de Seigneurs, ou comme des Palais de Princes, leurs jardins sont comme des Paradis terrestres, où sont toutes sortes de fleurs et toutes sortes de fruits agréables à la vue et au goût, leurs cuisines sont toujours abondamment fournies de tout ce qui peut contenter leur apétit, tant en chair qu’en poisson, suivant les tems et les saisons, ou suivant l’institution de leurs ordres. Ils ont de tous côtés des fermes considérables, qui leur raportent de grands revenus, sans qu’ils se donnent la moindre peine de les faire valoir par leurs mains, ils perçoivent dans la plupart des Paroisses quantité de bonnes dixmes et souvent même ils jouissent des droits de Seigneurs, de sorte qu’ils ont le bonheur de moissonner abondamment et sans peine et sans travail, là où ils n’ont rien semé, et ils ont le bonheur d’amasser copieusement là, où ils n’ont rien répandu, ce qui les rend réellement riches sans rien faire, qu’ils se trouvent tous en état de vivre bien à leur aise, mollement, dans une douce et pieuse oisiveté.

Le seul Ordre de St. Benoît, dit Trithème, fameux Moine de cet Ordre, a de droit la troisième partie de tous les biens du Christianisme et que, s’il ne la posséde pas, c’est qu’on la lui a volée, et pour le présent