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qu’ils seront toujours malheureux, tant qu’ils ne s’en dépouilleront point.

On vous parle, mes chers amis, on vous parle de diables, on vous épouvante, même du seul nom de Diable, parceque l’on vous fait accroire que les diables sont ce qu’il y a de plus méchant et de plus effroïable à voir, qu’ils sont les plus grands ennemis du salut des hommes et qu’ils ne s’attâchent qu’à les perdre et à les rendre éternellement malheureux, avec eux, dans les enfers. Mais sachez, mes chers amis, qu’il n’y a point pour vous de plus méchans, ni de plus véritables Diables à craindre, que ces gens-là dont je parle ; car vous n’avez véritablement point de plus grands ni de plus méchans adversaires et ennemis à craindre, que les Grands, les Nobles et les Riches de la terre, puisque ce sont effectivement ceux-là qui vous foulent, qui vous tourmentent et qui vous rendent malheureux comme vous êtes. Et ainsi nos Peintres se trompent et s’abusent, lorsqu’ils nous représentent sur leurs tableaux les diables comme des monstres horribles et effroïables à voir ; ils s’abusent, dis-je, et vous abusent aussi bien que vos Prédicateurs, lorsque dans leurs tableaux et dans leurs prédications, ils vous les représentent si laïds, si hideux, si difformes. Ils devroient plutôt les uns et les autres vous les répresenter comme tous ces beaux Messieurs les Grands et les Nobles, et comme sont toutes ces belles Dames et Demoiselles que vous voiez si bien parées, si bien mises, si bien frisées, si bien poudrées, si bien musquées et si bien éclatantes d’or, d’argent, de pierreries si précieuses. Car ce sont ceux-là et celles-là