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Quoique ce Prince passât pour le meilleur et le plus juste prince de la terre, il fonda néanmoins son trône sur le sang de ses parens et sacrifia ses enfans à son oncle par des vûës de politique et pour imiter l’ingratitude des autres princes, il fit mourir barbarement les enfans de son père, qui l’avoit adopté pour lui succéder à l’empire, il n’épargna pas même les glorieux noms d’Antoine et de Cléopatre, qui lui étoient si proches et qui l’avoient mis en état de faire ces inhumanités. Je ne ferai point, dit ce même auteur, la relation des abominables vices et mauvaises actions de Néron, de Domitien, de Caligula, d’Héliogabale, de Galien et autres semblables monstres couronnés. L’Histoire même rougit de raconter de tels prodiges d’impiétés, et les noms mêmes des Princes ont été et seront odieux à toute la postérité. Si de ces puissans empires on passe aux roïaumes moins considérables, on y trouvera les mêmes vices. Les histoires anciennes et modernes sont pleines de ces sortes de tragédies. Le premier roïaume des Grecs ne doit sa naissance qu’au parricide de Dardanus, et l’empire des Amazones ne commença que par le barbare massacre que ces femmes firent de leurs maris. Tous les siècles et toutes les nations fournissent des exemples de cette nature, et les plus hautes dignités se sont de tout tems acquises par les plus hautes injustices.

Voilà certainement la vraie source et la véritable origine de toute cette fière et orgueilleuse noblesse et grandeur, qui se trouve dans les grands et dans les nobles de la terre ; et cela étant, bien loin de se glorifier, comme ils font, d’une naissance et d’une source