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ou par élection, ou autrement, que de perpétuer un pouvoir et un honneur exorbitant, acquis et agrandi pas les vices les plus énormes, pas des pratiques indignes d’hommes et desquelles les auteurs mêmes ont de tout tems eu honte. De-là vient que l’on a couvert et que l’on couvre encore aujourd’hui les plus injustes attentats et les plus violentes usurpations du prétexte spécieux de la justice et de la vertu, et que l’on apelle conquête, ce qui n’est au pié de la lettre qu’un véritable brigandage. Ces injustes et cruels usurpateurs font semblant de maintenir les libertés et les droits des peuples, leur Religion et leurs loix, pendant qu’ils sont dans le fond les plus grands tirans du monde, des fourbes hypocrites, des athées et des proscrits. Cela, dit cet auteur, n’est pas seulement vrai de quelques-uns, mais aussi de toutes les maisons qui ont fait quelque figure considérable et quelque bruit dans le monde.

Qu’étoient-ils les quatre fameuses prémières Monarchies, qu’autant d’empires de bandits, autant d’États composés d’avanturiers, de pirates et de voleurs, dont la seule force faisoit l’apologie de leurs brigandages. Diomède le sût fort bien dire à Alexandre, surnommé le grand. On m’apelle corsaire, lui dit-il,[1] parceque je cours les mers avec un seul vaisseau, et toi, on t’apelle empereur, parceque tu fais la même chose avec une puissante flotte ; si tu étois seul et captif, comme moi, on te regarderoit comme un brigand, et je serois respecté comme un empereur, si j’étois à la tête d’une nombreuse armée. Toute la différence qu’il

  1. Esp. Turc. Tit. de Mold. T. 5. Lettre 22.