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crédulité des peuples, que de vouloir leur faire aimer la recherche des douleurs et des souffrances réelles, sous prétexte d’acquérir par ce moïen de telles récompenses qui ne sont qu’imaginaires. D’ailleurs cette maxime, d’aimer et de rechercher les croix et les souffrances, de renoncer à soi-même et à tout ce que l’on pouroit posséder, n’est fondée que sur la parole d’un misérable fanatique, comme je l’ai ci-devant démontré, et ainsi c’est erreur et folie à des hommes de vouloir ajouter foi et de vouloir suivre une telle maxime qui est si contraire au bien de la nature et à la droite raison.

Pareillement c’est une erreur de la morale chrétienne de condamner, comme elle fait, tous les plaisirs naturels de la chair et non seulement les actions et les oeuvres naturelles de la chair, mais aussi tous les désirs et toutes les pensées volontaires d’en jouir, si ce n’est, comme ils disent, dans un légitime mariage, fait, suivant ses loix et ses ordonnances. C’est, dis-je, une erreur dans cette morale de regarder toutes ces choses comme des actions, ou comme des pensées criminelles et dignes de punition éternelle : car, comme il n’y a rien de plus naturel et de plus légitime que cette inclination, qui porte naturellement tous les hommes à ce penchant, c’est en quelque façon condamner la nature même et son auteur, si elle en avoit un autre qu’elle-même, que de condamner comme vicieuse et comme criminelle, dans les hommes et dans les femmes, une inclination qui leur est si naturelle et qui leur vient même du fond le plus intime de leur nature. Quoi ! un Dieu infiniment