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est fondée. Y a t’-il rien de plus ridicule, de plus absurde et de plus extravagant que tout cela ? Quoi ! un Dieu infiniment bon et infiniment sage, qui se seroit pour une pomme si griévement offensé contre les hommes, que de vouloir les réprouver tous, les perdre tous et les rendre tous malheureux à tout jamais, pour une faute, qui ne mériteroit pas, comme j’ai dit, un coup d’étrivière ; et il se seroit ensuite apaisé et réconcilié avec eux par un horrible déicide, qu’ils auroient commis en crucifiant et en faisant honteusement et cruellement mourir son divin Fils ? Étonnez-vous, Ciel et la terre, d’une si étrange doctrine[1]obstupescite coeli super hoc ! Cette seule offense, que les hommes auroient jamais commise en cela, auroit dû les perdre à tout jamais, et elle les auroit heureusement sauvé tous ! Quelle folie ! Quelle folie encore un coup, de dire et de penser seulement telle chose ! Il faut être prodigieusement frappé d’aveuglement et d’entêtement, pour ne pas vouloir reconnoitre et condamner des erreurs si grossières, si visibles, si ridicules et si absurdes que sont celles-là. On peut certainement dire qu’il n’y en a jamais eu de pareilles dans le Paganisme[2]. Et c’est néanmoins ce que la Religion Chrétienne enseigne et c’est ce qu’elle oblige absolument de croire et par ainsi elle contient manifestement des erreurs dans sa doctrine.

  1. Jerem. 2 : 12.
  2. Tanta jam stultitia opressit miserum mundum ut nunc sic absurdae res credantur a Christianis quales nunquam antea ad credendum poterat quisquam suadere paganis. S. Agoar Évêque de Lyon. Apol. Tom. I. N. 87.