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divin Fils, comme une digne satisfaction et comme une digne réparation de l’injure, qui lui auroit été faite par un tel prétendu[1] péché ? Rien de plus vain, de plus sot, de plus extravagant et de plus ridicule que tout cela : c’est comme si on disoit, qu’un Dieu infiniment sage auroit voulu, par un excès de bonté et de miséricorde, réparer ou effacer une injure et une offense imaginaire et métaphorique par la plus grande, par la plus griève et par la plus injurieuse de toutes les offenses qui s’auroit pû faire. C’est comme si on disoit, qu’un Dieu infiniment sage se seroit grièvement offensé contre les hommes et qu’il se seroit très-rigoureusement irrité contr’eux pour un rien et pour une bagatelle, et qu’il se seroit miséricordieusement apaisé et réconcilié avec eux, par le plus grand de tous les crimes et par un horrible déicide, que les mêmes hommes auroient commis en la personne de son divin Fils, en l’attachant et le faisant honteusement et cruellement mourir sur une croix.

Falloit-il qu’un Dieu tout-puissant se fit fouetter et se fit pendre lui-même, pour faire grâce et miséricorde à des hommes pécheurs ? Et falloit-il, pour les retirer de la puissance d’un ennemi imaginaire, qu’il lui en coûtat la vie ? Quelle folie d’avoir seulement cette pensée ! C’est néanmoins sur ce prétendu beau et adorable mistère d’un Dieu homme, d’un Dieu fouetté, d’un Dieu pendu et d’un Dieu ignominieusement mort en croix, que toute la Religion Chrétienne

  1. Deus qui pro nobis filium tuum crucis patibulum subire voluisti, ut inimici à nobis expelleres potestatem. Orais. du tems de Pâques.